"Pour atteindre cet « indéfinissable » de Delacroix qui est l’essence même de la peinture, je me suis mis à la « spécialisation » de l’espace, qui est mon ultime façon de traiter la couleur. Il ne s’agit plus de voir la couleur, mais de la « percevoir ».
Ces derniers temps, le travail de la couleur m’a conduit malgré moi à rechercher peu à peu la réalisation de la matière avec un soutien (de l’observateur – du traducteur) et j’ai décidé de mettre fin au conflit ; à présent mes tableaux sont invisibles et ce sont eux que je voudrais montrer dans ma prochaine exposition parisienne chez Iris Clert, d’une façon claire et positive."
Yves Klein, extrait de « Ma position dans le combat entre la ligne et la couleur », 1958, Le dépassement de la problématique de l'art et autres écrits, Beaux-Arts de Paris, 2003, p. 51
"De l’extérieur de la rue, il sera impossible de voir autre chose que du Bleu, car je peindrai les vitres avec le Bleu de l’époque bleue de l’année passée. Sur et autour de la porte d’entrée de l’immeuble par où le public aura accès dans la Galerie par le couloir, je placerai un monumental dais recouvert de tissu bleu, toujours du même ton outremer foncé.
De chaque côté de l’entrée, sous ce dais, seront placés le soir du vernissage, les Gardes Républicains en grande tenue présidentielle (cela est nécessaire pour le caractère officiel que je veux donner à l’Exposition et aussi parce que le véritable principe de la République, s’il était appliqué, me plaît, bien que je le trouve incomplet au jour d’aujourd’hui).
Nous recevrons le public dans le couloir d’environ 32 m2, où un cocktail bleu sera servi (préparé par le Bar de La Coupole à Montparnasse , gin, cointreau, bleu de méthylène).
Une fois dans le couloir, les visiteurs verront sur le mur de gauche, une grande tapisserie bleue qui masquera la petite porte d’accès dans la galerie.
Dispositif scénique de la galerie : Afin de spécialiser l’ambiance de cette galerie, sa sensibilité picturale à l’état de matière première, en climat pictural particulier individuel, autonome et stabilisé : je dois, d’une part, pour la nettoyer des imprégnations des expositions précédentes et nombreuses, la blanchir. En peignant les murs en blanc, je désire par cet acte, non seulement purifier les lieux, mais encore et surtout en faire, par cette action et ce geste, momentanément mon espace de travail et de création, en un mot, mon atelier. (...)
La vitre de la vitrine et de la porte d’entrée sur rue, condamnée, sera peinte en blanc comme l’ensemble. Tout sera blanc pour recevoir le climat pictural de la sensibilité du bleu immatérialisé. (...)
Ainsi, le Bleu tangible et visible sera dehors, à l’extérieur, dans la rue, et, à l’intérieur, ce sera l’immatérialisation du Bleu."
Extrait de "Préparation et présentation de l’exposition du 28 avril 1958 chez Iris Clert, 3 rue des Beaux-Arts, à Paris", Le dépassement de la problématique de l'art et autres écrits, Beaux-Arts de Paris, 2003, p. 84
Cette manifestation a fait date. Elle a aussi suscité bien des malentendus, entretenus notamment par le titre sous lequel elle est passée à la postérité, l'exposition "du Vide".
Ces derniers temps, le travail de la couleur m’a conduit malgré moi à rechercher peu à peu la réalisation de la matière avec un soutien (de l’observateur – du traducteur) et j’ai décidé de mettre fin au conflit ; à présent mes tableaux sont invisibles et ce sont eux que je voudrais montrer dans ma prochaine exposition parisienne chez Iris Clert, d’une façon claire et positive."
Yves Klein, extrait de « Ma position dans le combat entre la ligne et la couleur », 1958, Le dépassement de la problématique de l'art et autres écrits, Beaux-Arts de Paris, 2003, p. 51
"De l’extérieur de la rue, il sera impossible de voir autre chose que du Bleu, car je peindrai les vitres avec le Bleu de l’époque bleue de l’année passée. Sur et autour de la porte d’entrée de l’immeuble par où le public aura accès dans la Galerie par le couloir, je placerai un monumental dais recouvert de tissu bleu, toujours du même ton outremer foncé.
De chaque côté de l’entrée, sous ce dais, seront placés le soir du vernissage, les Gardes Républicains en grande tenue présidentielle (cela est nécessaire pour le caractère officiel que je veux donner à l’Exposition et aussi parce que le véritable principe de la République, s’il était appliqué, me plaît, bien que je le trouve incomplet au jour d’aujourd’hui).
Nous recevrons le public dans le couloir d’environ 32 m2, où un cocktail bleu sera servi (préparé par le Bar de La Coupole à Montparnasse , gin, cointreau, bleu de méthylène).
Une fois dans le couloir, les visiteurs verront sur le mur de gauche, une grande tapisserie bleue qui masquera la petite porte d’accès dans la galerie.
Dispositif scénique de la galerie : Afin de spécialiser l’ambiance de cette galerie, sa sensibilité picturale à l’état de matière première, en climat pictural particulier individuel, autonome et stabilisé : je dois, d’une part, pour la nettoyer des imprégnations des expositions précédentes et nombreuses, la blanchir. En peignant les murs en blanc, je désire par cet acte, non seulement purifier les lieux, mais encore et surtout en faire, par cette action et ce geste, momentanément mon espace de travail et de création, en un mot, mon atelier. (...)
La vitre de la vitrine et de la porte d’entrée sur rue, condamnée, sera peinte en blanc comme l’ensemble. Tout sera blanc pour recevoir le climat pictural de la sensibilité du bleu immatérialisé. (...)
Ainsi, le Bleu tangible et visible sera dehors, à l’extérieur, dans la rue, et, à l’intérieur, ce sera l’immatérialisation du Bleu."
Extrait de "Préparation et présentation de l’exposition du 28 avril 1958 chez Iris Clert, 3 rue des Beaux-Arts, à Paris", Le dépassement de la problématique de l'art et autres écrits, Beaux-Arts de Paris, 2003, p. 84
Cette manifestation a fait date. Elle a aussi suscité bien des malentendus, entretenus notamment par le titre sous lequel elle est passée à la postérité, l'exposition "du Vide".