Publication, 2020, Yves Klein, Iris Clert
L'Évolution de l'art vers l'immatériel
“Le matérialisme, tout cet esprit quantitatif, a été reconnu comme étant l’ennemi de la liberté. Depuis longtemps la lutte est engagée contre cet esprit. Les véritables ennemis sont la psychologie, l’optique apprise, la sentimentalité, la composition, l’héroïsme sentimental, qui engendrent des mondes totalitaires, des espaces délimités de la terreur, des résidus pour les ventriloques de l’Occident.”
Monochromes “bleu Klein” et anthropométries, saut dans le vide et sculpture aérostatique, peintures de feu… Yves Klein aura consacré sa vie à s’échapper du dessin et de la figuration classique. Son obsession pour le ciel, dans lequel il trouve à la fois couleur et infini, forge sa radicalité. Judoka, il est fasciné par le vide, les forces naturelles et le mouvement. La notion d’“immatériel”, au cœur de sa réflexion, l’aura mené à la frontière de l’art conceptuel et du happening. Il expose des espaces vides, fait des déclarations à valeur d’œuvre…
Le 3 juin 1959, Yves Klein donne une conférence à la Sorbonne : “L’Évolution de l’art vers l’immatériel”. Porte d’entrée idéale vers son œuvre et sa biographie, ce texte révèle les motifs constitutifs de son travail : le rituel, la couleur, le vide, le judo, le ciel et le feu… Au-delà de la provocation et la performance, il élabore une théorie tant poétique que spirituelle d’un art sans limites, à l’instar du travail d’un John Cage sur le silence.
Nombre des pistes esquissées ici aboutiront dans les années suivantes. Yves Klein élaborera par exemple une Architecture de l’air, ou encore délivrera des reçus aux acquéreurs d’œuvres immatérielles. Avant de mourir, il confie à un ami : “Je vais entrer dans le plus grand atelier du monde. Et je n’y ferai que des œuvres immatérielles.”
Présentation par Iris Clert.
Éditions Allia