Exposition, 9 juin 2018 - 16 sept. 2018

Cosmogonies - Au gré des éléments

MAMAC - Musée d'Art Moderne et d'Art Contemporain de Nice, Nice, France

Convoquer les éléments, capter les liens invisibles qui unissent les composantes de l’univers, saisir les processus d’érosion, d’empreinte, de cristallisation, révéler la brûlure du soleil… L’exposition rassemble des artistes de différentes générations qui recourent à la nature et aux éléments comme composante intégrante de leur processus de travail. Leur démarche découle d’une recherche empirique basée sur la capture de phénomènes naturels, sur l’exploration de différents états de la matière, l’observation méticuleuse de substances a priori insaisissables qui offrent autant de terrains d’expérimentation. Cette quête d’empreintes atmosphériques, végétales, géologiques ou organiques est animée par une volonté de capter l’essence et la trace de l’immédiat quelle qu’en soit l’incidence. Elle est souvent portée, quels que soient les processus mis en place, par un désir de capter un ordre secret de l’univers, ces constituants élémentaires, de saisir de manière éphémère, le mouvement, l’indétermination de toute forme et de toute matière.

Toutes et tous, réinvestissent à leur manière ces réflexions et expérimentations amorcées par Yves Klein à l’aube des années 1960, « Il y a quelques mois (…), je ressentis l’urgence d’enregistrer les signes du comportement atmosphérique en recevant sur une toile les traces instantanées des averses du printemps, des vents du sud et des éclairs. (Est-il besoin de préciser que cette dernière tentative se solda par une catastrophe ? ). Par exemple, un voyage de Paris à Nice aurait été une perte de temps si je ne l’avais pas mis à profit pour faire un enregistrement du vent. Je plaçai une toile, fraîchement enduite de peinture, sur le toit de ma blanche Citroën. Et tandis que j’avalais la nationale à cent kilomètres à l’heure, la chaleur, le froid, la lumière, le vent et la pluie firent en sorte que ma toile se trouva prématurément vieillie. Trente ou quarante ans au moins se trouvaient réduits à une seule journée. »
Yves Klein, Hôtel Chelsea, New York, 1961

Réinventées par les artistes du Land art à la fin des années 1960 et habitées aujourd’hui par une conscience aigue de la fragilité de l’ordre naturel, ces pratiques dessinent une ode à l’impermanence, à l’éphémère et à l’émergence de formes « assistées » par la nature. Rencontres fructueuses de deux modes d’apparition d’un univers ou d’une forme, les oeuvres réunies dessinent le portrait ambivalent d’artistes à la fois démiurges, extrêmement humbles et ambitieux - tentant de maîtriser, détourner des processus naturels, tout en se positionnant partiellement en retrait de l’acte de création. L’exposition permet également de déployer différentes approches et stratégies d’artistes inspirées des protocoles scientifiques ou des observations des naturalistes.

Ancré dans le contexte des collections du MAMAC qui sont traversées par la figure tutélaire d’Yves Klein et offrent un témoignage des grandes recherches menées dans les années 1960 par les artistes de l’Arte Povera, le projet constitue un territoire naturel pour cette exploration sensible qui met en exergue l’attraction persistante des artistes pour les processus naturels et leur captation tout en faisant écho à la diversité des débats contemporains autour des enjeux environnementaux.

Commissariat : Hélène Guenin, directrice du MAMAC, assistée de Rébecca François, attachée de conservation.

Artistes exposés :
Dove Allouche, Marina Abramovic, Davide Balula, Hicham Berrada, Marinus Boezem, Boyle Family, John Cage, Charlotte Charbonnel, Edith Dekyndt, Peter Hutchinson, Yves Klein, Irene Kopelman, Yoko Ono, Gina Pane, Charles Ross, Michelle Stuart, Thu Van Tran, etc