Exposition, 15 oct. 2018 - 29 oct. 2018

Suspension - A History of Abstract Hanging Sculpture. 1918 – 2018

Palais d'Iena, Paris, France

En réunissant des oeuvres-clefs d'une quarantaine d'artistes de plusieurs générations et de plus de quinze nationalités, la présente exposition propose un parcours inédit de la sculpture abstraite depuis près d'un siècle sous l'angle de la suspension aérienne. Cette spécificité se fait jour autour de 1920 chez Alexander Rodtchenko, Man Ray et Marcel Duchamp puis chez Alexander Calder ou Bruno Munari, et se déploie jusqu’à nos jours chez Xavier Veilhan, Monika Sosnowska, Tomás Saraceno ou Haegue Yang, en passant par Eva Hesse, Soto, François Morellet, Gego, Daniel Buren, Sol LeWitt ou encore Robert Morris. Si, comme chez ces deux derniers artistes, certaines oeuvres pourtant suspendues demeurent fixes, nombre d'entre elles font écho au principe du "mobile", pour emprunter le terme formulé en 1931 par Duchamp lui-même à propos de certaines sculptures de Calder, accrochées au plafond par un câble et livrées aux forces invisibles de l'air. Ce type de sculpture littéralement "hors-sol" explore ainsi les potentialités esthétiques d'un accrochage zénithal à un plafond ou à des câbles (sur le modèle de fixation d'un simple lustre), et sans recours à quelque potence ou autre attache murale.

Bien qu'abstrait, ce genre particulier est lié à l'imaginaire cosmogonique, à la conquête de l'air puis à celle de l'espace, mais aussi à l'inversion perceptive du haut et du bas, à l'appréhension du vide, aux luminaires, à la pendaison, à l'escalade, à la mécanique, à la forêt, à la technique japonaise du Shibari, à la chute autant qu'à la lévitation et au flottement ou encore aux tentatives d'abolition de la gravité. S'il résonne de ces imageries et des ces univers, le genre déroge pourtant à l'idée d'une figuration et d'une représentation qui limiteraient à l'anecdote son sens initial et sa portée interprétative. Il déroge aussi et surtout à une conception traditionnelle de la sculpture qui ne serait qu'une forme en appui sur un sol ou un socle, soumise à l'action de la gravité.

Le dessin spatialisé de ces formes aériennes leur fait gagner en transparence, en équilibre, en articulation et en mobilité ce qu’elles perdent en masse inerte. Cette logique découle tout autant d’un rapport renouvelé au spectateur, à la circulation du regard à travers des "corps" ajourés, explorant de la sorte leur environnement immédiat, c’est-à-dire à l’espace de l’architecture qui les accueille. La sculpture n’est ici plus érigée, telle un édifice, mais construite sur un modèle aérien, voire astral.

Par son maintien à une certaine hauteur du sol, comme en lévitation, ce type de sculpture est extraite de l’espace de déambulation. Cette façon de négocier avec l'espace et la gravité s'avère une opération esthétique nécessairement abstraite, c’est-à-dire éloignée de la narration et de la représentation, lesquelles viendraient figer le sens et la présence de ces objets célestes, fruits d’une tension constante entre chute et élévation.

L'exposition se tiendra simultanément en 2018 dans deux lieux différents à Paris et Londres :
a/ Galerie Olivier Malingue (Londres), du 1er oct. au 15 déc. 2018,
b/ Palais d'Iéna (Paris), du 16 oct. au 28 oct.