"Quand je peins (...) je me sens comme un champion de Judo avant le combat".
Yves Klein, The Evening Standard, 25 juin 1957
"On m'a demandé souvent si le judo avait joué un rôle dans ma conception picturale. J'ai toujours jusqu'à présent répondu que non. En fait c'est inexact : le judo m'a apporté beaucoup, je l'ai commencé presque en même temps que ma peinture. L'un comme l'autre ont vécu avec moi comme je vis avec mon corps physique !
Voici en substance ce que je sais du judo :
D'abord un grand principe : "avoir l'esprit de la victoire."
(...)
Le judoka ordinaire ne pratique pas en esprit mais en physique et émotionnel. Le vrai judoka pratique en esprit et sensibilité pure et alors comme la vie est la victoire constante, il gagne, il gagne toujours.
Yves Klein, extrait de "Réflexions sur le Judo, le Kiaï, la Victoire constante", 1958 ca.
"L’esprit des sportifs est abstrait !
C’est toujours avec un sourire condescendant que l’on apprend que je m’intéresse au Judo et généralement dans les milieux qui se piquent d’être intellectuels, on éclate tout simplement de rire lorsque je déclare être venu au Japon spécialement pour étudier le Judo.
En France, je passe pour un peu simple et encore bien naïf aux yeux du cercle de sévères artistes qui sont des amis de mes parents, et ici ce n’est guère plus brillant, pour les Japonais le Judo n’est tout au plus qu’une excellente récréation, un délassement, un jeu de collégien.
Pourtant le Judo est vaste et grand, bien plus peut-être que tous ces mondes psychologiques bâtis par l’intellectualisme moderne."
Yves Klein, note, 1958 ca.
"On m’a toujours appris en Judo que je devais atteindre la perfection technique pour pouvoir m’en moquer ; être constamment en mesure de la montrer à tous mes adversaires, et ainsi, bien qu’ils sachent tout, vaincre tout de même."
Yves Klein, extrait de « Le vrai devient réalité », 1960
"Origines de la carrière picturale (...)
Début de la pratique du judo, qui lui fera comprendre plus tard que l’espace pictural est avant tout le fruit d’une ascèse spirituelle : le judo, en effet, est la découverte par le corps humain d’un espace spirituel.
(...)
il est très impressionné par d’autres marques : celles que tracent la transpiration et la poussière des grands combats de judo sur un tapis de judo neuf et, par conséquent, tout blanc.
(...)
Création de la première symphonie monoton. Évolution digressive vers une possibilité musicale du mythe Kiai prolongé en judo.
Première entrevue des possibilités effectives de se libérer des forces de la pesanteur, affective comme physique. Rêves de lévitation à cause du judo.
Yves Klein, Notes biographiques, 1960 ca.